Le ministre des Finances et du Développement Économique, l’honorable Pravind Kumar Jugnauth, a rencontré la presse le Vendredi 15 Juillet 2016.
La conférence de presse était axée sur les trois points suivants :
- Un état des lieux de l’économie du pays au 14 décembre 2014.
- La performance économique pour la période 2015-2016.
- Les défis à relever
État des lieux au 31 décembre 2014
Dans sa présentation, le ministre des Finances et du Développement Économique a souligné que la croissance était de 3,6% au 14 décembre 2014. Cependant, il a fait ressortir que la tendance était alors déjà à la baisse.
Tout indiquait que les principaux secteurs de l’économie du pays subissaient une décroissance, à l’exemple du secteur de la construction (-8,5%) et du secteur sucre (-3,5%). Ces indicateurs démontrent que l’économie était entrée dans une phase de ralentissement et une amélioration de la situation ne serait possible qu’en envisageant un plan à long terme.
Le ministre des Finances et du Développement Économique a également souligné que l’investissement combiné du public et du privé était de 18,9%. Celui du privé était à la baisse, avec un taux de 14,1% alors que l’investissement public était à la hauteur de 4,8%.
Au niveau de l’épargne, la tendance était aussi à la baisse, avec un taux de 10,5% du Produit Intérieur Brut (PIB).
Le chômage, un autre indicateur important, était déjà de 7,8%, ce qui nous fait un total de 44,800 chômeurs. Les jeunes (19,500) et les femmes (25,400) étaient les plus touchés. Cette situation s’explique par l’inadéquation (mismatch) entre la demande du marché et les compétences disponibles.
Le ministre devait aussi ajouter que le taux d’inflation avait atteint les 3,2% alors que le compte courant de la balance de paiement était en déficit, équivalant à 5,6% du PIB.
Sur le plan des réserves en devises, la couverture des importations équivalait à 6,2 mois, alors que le déficit budgétaire était de 3,2% et la dette publique de 53,6% du PIB.
L’honorable Pravind Kumar Jugnauth a fait ressortir que le laisser aller qui prévalait avant décembre 2014, a eu des conséquences désastreuses sur le secteur financier, ce qui risquait éventuellement de mettre en péril l’économie du pays.
Pour le ministre des Finances et du Développement économique, beaucoup d’institutions dues à leur mauvaise gestion, ont été des plus improductives et ont même frôlé la catastrophe.
Parmi celles-ci, on retrouve la MPCB, avec des prêts non productifs de Rs 3,2 milliards ; la DBM, avec des pertes de Rs 538 millions ; Mauritius Post, avec des pertes de Rs 202 millions ; les casinos d’État avec des pertes de Rs 628 millions ; et la MBC, qui avait Rs1,2 milliard de dettes.
Le ministre devait également souligner le gaspillage au niveau des grands projets d’infrastructures, soulignant les cas suivants :
- Bagatelle Dam – Le coût initial du projet, qui était de Rs 3,1 milliards, a doublé pour atteindre Rs 6,2 milliards, et ce sans compter les investissements à venir.
- Terre Rouge/Verdun – Le coût initial du projet était de Rs 2 milliards, mais sa réalisation a coûté Rs 4 milliards. Les dégâts survenus par la suite en raison de l’absence de tests géotechniques nécessaires entraîneront des dépenses additionnelles d’environ Rs 300 millions pour les travaux de réparation.
- Ring Road – Le coût initial, qui était de Rs 1,3 milliard, a enflé pour atteindre Rs 1,7 milliard. L’effondrement d’une partie de la route occasionnera une dépense supplémentaire.
L’honorable Pravind Kumar Jugnauth a souligné que beaucoup d’autres projets ont vu leurs coûts augmenter de façon conséquente. À titre d’exemple, le coût du projet de carte d’identité biométrique, qui avait été évalué à Rs 400 millions, a au final coûté Rs 1,2 milliard à l’État.
Pour le ministre des Finances et du Développement économique, cela a eu un effet négatif sur la dette publique et l’économie du pays. Les Mauriciens et le nouveau gouvernement ont ainsi eu à payer les conséquences de la mauvaise gestion et des gaspillages du précédent gouvernement.
Plus grave encore, la gestion peu professionnelle de l’ancien régime a eu des répercussions néfastes sur le plan social, ce qui avait débouché sur un certain malaise.
Le ministre a ainsi estimé que le nouveau gouvernement a hérité de son prédécesseur une situation catastrophique marquée par de nombreux problèmes.
Constat 2015
Abordant le deuxième point, l’honorable Pravind Kumar Jugnauth a fait état d’une injustice sociale prévalant au sein de l’économie depuis un certain temps. D’où la décision d’apporter des mesures pour un rééquilibrage, notamment à travers une hausse des pensions des personnes âgées, des orphelins, des veuves et des autrement capables.
La compensation salariale de Rs 600 allait dans le sens de ce même objectif.
Ces initiatives du gouvernement ont donné lieu à une hausse du pouvoir d’achat se chiffrant comme suit :
- Rs 4,7 milliards à travers l’augmentation des pensions mentionnées.
- Rs 4 milliards à travers la compensation salariale.
- Une somme de Rs 3 milliards a également été prévue afin de payer les augmentations de salaires et d’allocations des 85,000 salariés et 25,000 pensionnaires de la fonction publique (PRB)
Au niveau de la performance économique, le ministre des Finances et du Développement Économique a expliqué que nous faisons face à un contexte international incertain, où la croissance de plusieurs pays a été revue à la baisse.
Le Ministre des finances a cependant mis l’accent sur le fait que malgré cela, le taux de croissance de l’économie mauricienne a été de 3% pour la période 2014-2015 et devrait connaître une hausse de 0,6% pour l’année financière 2015-2016.
Au niveau sectoriel, les chiffres sont comme suit :
- Le secteur de la construction a connu une décroissance de 4,9% en 2015. En comparaison la décroissance était de 8,5% en 2014.
- Le secteur du tourisme a enregistré une croissance de 8,5% en 2015. Notons qu’en 2014, il était de 6,1%
- Le secteur des TIC a connu une hausse de 7% en 2015. En 2014, la hausse était de 6,4%.
Au niveau du chômage, un taux de 7,6% a été enregistré pour le premier trimestre de 2016. En 2015, sur la même période, il était de 8,7%.
L’inflation, qui est de 1,3%, est en baisse, tandis que le compte courant de la balance de paiement s’est amélioré en 2015, le déficit étant passé de 5,6% du PIB en 2014 à 4,8% du PIB en 2015. La balance de paiement a par ailleurs enregistré un surplus de Rs 20 milliards en 2015, ce qui correspond à 4,9% du PIB.
Sur le plan des réserves en devises, la couverture des importations équivalait, à juin 2016, à 8,5 mois (Rs 168 milliards), alors qu’elle n’était que de 6,2 mois (Rs 124 milliards) à décembre 2014.
Le ministre des Finances et du Développement Économique a estimé honorable la performance de l’économie mauricienne, surtout qu’il a fallu gérer le cas sensible et sans précédent de la BAI.
Les Défis
L’honorable Pravind Kumar Jugnauth a ensuite abordé les défis auxquels le pays aura à faire face. Il faudra d’abord atteindre une croissance plus élevée, en adéquation avec les ambitions annoncées, ce qui permettra de créer de l’emploi et d’offrir davantage d’opportunités à tous les Mauriciens.
Le ministre a également affirmé l’importance de comprendre les défis qui guettent les quatre piliers traditionnels de notre économie, à savoir le secteur financier, le tourisme, le sucre et le manufacturier, eu égard à la situation internationale, et notamment une compétition accrue.
Le BREXIT, qui pourrait avoir un impact sur notre économie, ainsi que l’investissement privé en baisse, constituent d’autres défis.
Pour l’honorable Pravind Kumar Jugnauth, le gouvernement est confronté au problème du manque d’investissement privé. La question est posée : Est-ce au gouvernement de se substituer au privé ? Ces dépenses supplémentaires ne risquent-elles pas alors d’augmenter le déficit budgétaire et donc de la dette publique ?
Le ministre des Finances et du Développement Économique a affirmé qu’il privilégierait une discipline fiscale et une prudence financière. Celles-ci se traduisent par la volonté de ramener la dette publique sous les 50% du PIB en 2018.
Des défis, plus immédiats, seront traités dans le budget. D’autres, à plus long terme, doivent également être abordés dès maintenant. Parmi, il y a l’impact d’une population vieillissante sur l’économie et la société.
Au niveau de l’emploi, le ministre a souligné l’inadéquation (mismatch) entre les demandes du marché et les compétences disponibles. Il y a donc l’urgente nécessité de redéfinir les formations disponibles à Maurice afin qu’elles répondent aux exigences du marché.
Le gouvernement s’est d’ailleurs déjà engagé dans la réforme du système éducatif pour suivre l’évolution mondiale et répondre aux besoins des employeurs. Le ministre a également souligné l’importance de réorienter nos technologies de production eu égard aux défis posés par le changement climatique.
L’honorable Pravind Kumar Jugnauth a expliqué qu’étant donné l’évolution constante du monde, il est impératif de remettre en cause notre mentalité, nos habitudes, la performance de nos institutions, de même que notre cadre légal.
C’est avec cet impératif en tête que le ministre a été à l’écoute de propositions sur des thèmes bien précis, afin de situer les enjeux et les attentes, quand il a été nommé ministre des Finances et du Développement Économique le 26 mai 2016.
Il est à noter que le Premier ministre, Sir Anerood Jugnauth, avait déjà, au préalable, mené des consultations budgétaires, dans la mesure où il s’est occupé du portefeuille des finances du 14 mars au 25 mai 2016.
À la fin de son intervention, l’honorable Pravind Kumar Jugnauth a expliqué qu’il a obtenu l’aval du Conseil des Ministres, qui s’est réuni aujourd’hui, pour que le budget soit présenté le 29 juillet 2016.