Cet investissement sur trois ans vise à couvrir 100% du territoire mauricien et, dès la fin de l’année 2015, quelque 90 000 clients devraient être connectés à la fibre optique contre 30 000 à l’heure actuelle.

La première impression est souvent la bonne et le nouveau directeur général de Mauritius Telecom-Orange, Manvendra (Sherry) Singh, se savait attendu. Appliqué et concentré, il s’est attelé, en anglais, à présenter, le 15 mai dernier, la politique de l’opérateur téléphonique historique.

Pour cela, il a dévoilé un plan articulé autour de cinq axes, le plus important étant l’accélération du déploiement de la fibre optique à travers l’île. « Maurice sera couverte à 100% par la fibre optique dans les trois ans à venir », au lieu des sept ans initialement prévus. Un investissement de 5,1 milliards de roupies (130 millions d’euros) pour remplacer l’actuel réseau en cuivre. Actuellement, 30 000 clients sont couverts par la fibre optique et l’objectif visé « est de 90 000 connexions d’ici la fin de l’année ».

Autre annonce dévoilée par ce proche de Pravind Jugnauth, le ministre des Technologies, de la Communication et de l’Innovation, une baisse moyenne de 30% des offres ADSL. Concernant les offres en haut débit par fibre optique, les prix seront aussi revus à la baisse avec en parallèle « les débits et forfaits data qui seront augmentés ». Quant au réseau 4G, qui couvre actuellement 25% du territoire, il « doit passer à 75% d’ici à 2018 ».

Mauritius Telecom veut également s’attaquer à la qualité de ses services. Il s’agit de « répondre aux doléances en 24 heures ». Pour cela, le nouveau CEO a indiqué que les services d’assistance technique seront réorganisés et la « Hot Line » revue.

L’INNOVATION COMME ÉLÉMENT STRATÉGIQUE

Un nouveau département sera créé au sein de l’entreprise et se focalisera sur le développement commercial et l’innovation. Appelé Orange Academy, il s’agira d’un centre d’apprentissage et de connaissances. Parallèlement, « l’Ebène Accelerator Programme » sera renforcé. Mis en place en 2013 par le ministère des Finances et Mauritius Telecom, cette structure veut être une rampe de lancement des PME spécialisées dans le développement d’applications mobiles et de logiciels.

L’AFRIQUE ENCORE ET TOUJOURS

Et alors que « le marché mauricien des télécoms est limité »,Sherry Singh indique vouloir proposer ses offres et ses activités à l’étranger, par exemple par le biais d’acquisitions. Mauritius Telecom possède 15,68% d’Orange Madagascar et, depuis 2013, 90% des actions de Vanuatu Telecom.

L’opérateur veut aujourd’hui exploiter des opportunités de croissance en Afrique. Et alors que des bruits faisaient écho d’une certaine déception de la part de Port-Louis vis à vis du partenariat avec Orange (actionnaire à 40%)… Mauritius Telecom pourra s’appuyer sur la présence dans 19 pays en Afrique et au Moyen-Orient de son partenaire, et surtout sur ses 100 millions de clients dans la région.

Cette association sera d’autant plus stratégique que certains pays africains sont bien équipés et même en avance sur Maurice en termes de services. À l’exemple du Kenya avec son service de mobile banking M-PESA (M pour mobile et pesa, argent en swahili). Commercialisé par l’opérateur de téléphonie Safaricom, M-PESA est devenu le symbole de la révolution technologique en Afrique. En 2012, il comptait 14 millions d’utilisateurs actifs, soit un Kenyan sur trois. Et preuve de son succès, il s’est depuis étendu à l’Afghanistan, à l’Afrique du Sud, à l’Inde et, en 2014, à l’Europe de l’Est.