Maurice a perdu le leadership touristique dans la région. Le temps des forts taux de croissance est loin dernière nous. Le secteur semble en panne d’idées surtout. Le dernier rapport du FMI assène encore un coup : Maurice a perdu sa compétitivité.
Depuis les années post-crise, la croissance touristique est en dents de scie. La progression – quand elle est présente – demeure faible. le secteur est en pilotage automatique et n’arrive plus à maintenir sa place de leader dans la région. « Il faut bouger, faire quelque chose, le secteur plafonne », c’est le cri du cœur d’un opérateur.
Le fait que Maurice n’est plus compétitive en comparaison aux destinations concurrentes n’est plus une question, c’est aujourd’hui un fait ! Les données montrent que depuis 2010, sa part de marché dans les arrivées touristiques mondiales n’a cessé de chuter. le dernier Staff Report du Fonds monétaire international (FMI) ne passe pas par quatre chemins pour dire que « Mauritius has lost competitiveness against peer tourism-dependent countries. (…) Mauritius is in the 8th lowest decile in the group of tourism-dependent countries, which can be interpreted as having relatively low competitiveness against its peer group or median competitiveness from a global perspective. »
Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’Ile Maurice (Ahrim), reconnaît que la compétitivité de la destination Maurice a pris un sérieux coup, ces dernières années. « L’un des principaux facteurs de notre compétitivité demeure le prix, quoi qu’un en dise. Ce pris qui comprend principalement le coût du billet d’avion nous rend moins attrayant aux yeux de nos marchés qui sont aux-mêmes victime de la crise économique, et en même temps, exposés à une offre plus élargie – davantage de destinations, maus aussi davantage de formules de vacances. Et dans un marché qui perd du pouvoir d’achat, la perte de compétitivité des destinations positionnées plus haut – donc plus chères, est évidente », observe-t-il.
L’inadéquation sièges/chambres
De con sôté, Christian Lefèvre, président de la Tourism Authority, soutient que c’est la connectivité aérienne, accentuée par l’inadéquation sièges / chambres qui fait perdre des parts de marché à Maurice : « L’inadéquation entre le nombre de sièges d’avion, plus particulièrement en haute saison, et la surcapacité des chambres disponibles sont évidentes. »
L’introduction de vols directs à des prix compétitifs devrait être la priorité des priorité des priorités, ajoute-t-il : « Les actionnaires d’Air Mauritius se réjouissent de la performance prometteuse de la compagnie nationale. Pourtant, tous les opérateurs touristiques locaux en souffrent à vue d’oeil. »
Christian Lefèvre point, par ailleurs, du doigt la « demi-douzaine de routes aériennes subitement supprimées » incluant Milan, Melbourne, Genève et Munich. Et son constat est amer : « Les passagers n’ont manifestement pas opté de choisir de passer par des hubs pour venir à Maurice. Il faut une compagnie nationale souveraine qui prône des vols directs et non pas une qui propose des hubs. Nous subissons toujours le mauvais pari du ‘hedging’ sur le carburant. Les tour-opérateurs, eux, sont nombreux à manifester leur mécontentement et désarroi. »
Comment donc remettre la destinations touristique sur les rails d’une croissance robuste et durable ? Pour le président de la Tourism Authority, l’Office du Tourisme doit fait preuve « d’innovation organisationnelle » et la stratégie aérienne doit être plus cohérente et percutante, sous oublier une diversification accélérée de nos marchés. « Ce sont là les vecteurs d’une croissance robuste et d’une passage d’un cycle de vis essoufflé à un avantage concurrentiel. »
Quant à Jocelyn Kwok, il estime qu’il est essentiel que le gouvernement épaule les opérateurs. Pour lui, il est tout à fait possible de faire intervenir les fonds publics de manière exceptionnelle quand les forces du marché n’aboutissent pas à une situation de rentabilité pour l’ensemble des opérateurs. C’est à dire quand le prix du billet d’avion (taxe comprise) « nous pousse hors de la course », ou encore si le secteur a besoin de davantage de vols et d’avions. Les taxes sur les billets d’avion provoque le courroux des opérateurs. Ils sont désappointés du fait que l’accumulation des taxes de voyage est devenue aujourd’hui un facteur contribuant à la baisse de la compétitivité de Maurice en tant que destination long-courrier. « Aujourd’hui, ce sont les taxes diverses imposées sur les billets qui plombent littéralement notre compétitivité. Nos taxes coûtent en moyenne deux fois plus cher que celles prélevées aux Maldives et un Paris-Malé-Paris est au minimum 300 à 400 euros moins cher qu’un Paris-Maurice-Paris », argue Fabien Lafébure, CEO de Bramcom Services Group.
Tout reste en suroffre
Quoiqu’il en soit, les défis du moment sont de rétablir au plu un certain équilibre entre les différentes composantes de l’offre touristique. « Tout reste en suroffre depuis un moment : l’offre d’hébergement – qui ne comprend pas que les hôtels -, le nombre croissant de réceptifs, de taxis et de prestataires d’excursions notamment », souligne un opérateur. Et les dégâts de cette suroffre sont déjà bien apparents, ajoutent-ils : fermeture de business, d’hôtels et de maisons d’hôte en vente, conflits entre prestataires, mauvaises expériences pour certains touristes.
Mais la suroffre n’est pas la seule pierre d’achoppement. Le secteur touristique est en proie à d’autres défis majeurs s’il ne veut pas continuer à se laisser distancer par les destinations concurrentes : à commencer par l’optimisation de la technologie. Il faut mieux communiquer dans le numérique ; le tourisme électronique est aujourd’hui exploité par de nombreux offices de tourisme dans le monde, souligne Christian Lefèvre, qui précise que « les touristonautes passent énormément de temps sur la Toile avant de prendre une décision pour leurs vacances. Il faut s’adapter à ces nouvelles conditions de marché et créer d’innovantes méthodes de promotion pour espérer se différencier de nos concurrents. Le marketing touristique doit évoluer. »