Le responsable des Affaires internationales à la banque AfrAsia livre son analyse sur les changements qui affectent le secteur financier et sur son avenir suite à la convention multilatérale signée, le 5 juillet, à Paris, avec l’OCDE.

 

L’Eco austral :  La convention multilatérale signée avec l’OCDE rend nulles beaucoup de conventions fiscales signées par Maurice. Comment celle-ci va-t-elle pouvoir rebondir ?

Yogesh Gokool :  Cette convention multilatérale (MLI), signée en juillet à Paris, s’attaque à l’évasion fiscale. Elle vise en particulier le BEPS (Base Erosion and Profit Shifting), c’est-à-dire l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices qui fait référence aux stratégies de planification fiscale qui exploitent les failles et les différences dans les règles fiscales en vu de faire « disparaître » des bénéfices ou de les transférer dans des pays ou territoires où l’entreprise n’exerce guère d’activité réelle. Le cadre inclusif rassemble plus de 100 pays et juridictions qui travaillent en collaboration pour mettre en œuvre les mesures BEPS et lutter contre l’érosion de la base fiscale et les transferts de bénéfices. La MLI prend en compte 23 accords de double imposition que Maurice a signés, mais 19 sont écartés. Il s’agit des accords signés avec le Bangladesh, le Botswana, la Chine, l’Egypte, l’Inde, la Malaisie, le Mozambique, la Namibie, le Népal, le Pakistan, le Rwanda, le Sénégal, Singapour, le Sri Lanka, la Thaïlande, la Tunisie, l’Ouganda, le Zimbabwe et la Zambie. Le gouvernement mauricien s’est engagé à modifier ces 19 DTA afin d’assurer l’intégration des normes minimales BEPS avant la fin 2018.

Comment conserver transparence et substance ?

L’OCDE a reconnu les efforts de l’État Mauricien en lui reconnaissant un statut « conforme». L’île pourra ainsi sortir de la liste noire de certains pays de l’Union européenne. En améliorant sans cesse les produits et les services offerts (par opposition aux avantages fiscaux qui ne sont pas durables), une réorganisation complète du modèle actuel devrait générer des opportunités profitables à Maurice. Par exemple, sa promotion comme juridiction de substance attirera les investisseurs internationaux avec, comme conséquence, l’augmentation de l’activité économique et la création d’emplois directs.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce changement de paradigme ?
Ce changement consiste à élargir les offres du secteur financier en produits et en prestations. Par exemple en diversifiant non seulement les services liés à la protection des actifs, la gestion de patrimoine et d’actifs, mais aussi les services fiduciaires ou encore les services de négociation et de trésorerie.

On parle beaucoup de l’Afrique. Qu’en est-il à l’heure actuelle ?

Les investissements à Maurice de capitaux privés africains vont se maintenir et sans doute s’accroître car notre place financière leur offre un cadre juridique et légal en adéquation à plusieurs véhicules d’investissement. Il faut souligner aussi l’émergence d’un marché de niche constitué par des groupes africains de taille moyenne faisant des investissements intra africains et mettant en place leur holding à Maurice, empruntant auprès de nos banques ou encore visant une cotation à la bourse de Port-Louis.

On parle aujourd’hui d’un nouvel écosystème financier plus compétitif à travers la technologie ?

Oui et le régulateur des services financiers a annoncé son intention de faciliter l’émergence de la « Fintech » qui va changer le monde de la finance et les habitudes des consommateurs. La « Fintech » nous apporte d’infinies possibilités.

 

Source – L‘EcoAustral